Sur l’initiative d’un adhérent ADC, le Conseil d’Administration du 31 mai dernier a décidé de soutenir les associations œuvrant dans le secteur de la « lutte contre les exclusions » sur Paris et désormais sur tout le territoire français, confrontés à une préparation pour le moins singulière des JO 2024.

Nous relayons un écrit réalisé et transmis par M. Arnaud PERRAUT, directeur général dans le Gard. Regard critique mais néanmoins réaliste du traitement qui peut être fait aujourd’hui sur la question de l’exclusion, quand celle-ci peut s’avérer « gênante », « non souhaitable » dans nos belles rues de la Capitale, lors de moments forts de communion et de rassemblement autour du sport.

Les débats sont aujourd’hui portés par tous les médias mais nous souhaitions par ce post éclairer le débat du point de vue d’un directeur, quand les orientations/directives gouvernementales malmènent les fondements de l’Accompagnement et de défense des droits des personnes, quelles qu’elles soient et où qu’elles soient.

Des mots égrenés au fil de multiples communiqués et publications font échos en nous : le choix possible pour tous, le respect du parcours de vie des personnes, de leur parole déposée…

Loin de nous l’idée de rentrer dans un débat politique en s’opposant par principe, de polémiquer par réflexe,  mais juste de réaffirmer les engagements quotidiens des directeurs que nous sommes et notre éthique d’intervention.

Betty DERACHE

Vice-présidente en charge du Politique

Les Jeux Olympiques ont déjà commencé !

Il y a quelques semaines lors d’un comité de pilotage du SIAO départemental, les associations et opérateurs locaux ont eu la transmission d’une information pour le moins interrogante venant des services de l’État.

Une première épreuve des JO de Paris 2024 vient de commencer : Les SAS !

En quoi consiste-t-elle ? A un déplacement de population, non-volontaire, de la Région Parisienne vers les régions françaises à l’exception des Hauts-de-France et de la Corse. Le but annoncé des services de l’État est de « transférer jusqu’à 600 personnes par mois » hors de la Capitale. Officiellement, il n’y aurait que des personnes volontaires qui « bénéficieraient » de ces sas. En priorité, des personnes aux droits incomplets ou en procédure d’asile, mais surtout des personnes vivant dans des camps situés autour ou dans Paris et qui pourraient « gâcher » la carte postale en vue de la préparation des JO. De plus, un certain nombre d’hôtels parisiens qui vivent jusque-là de financement public grâce à l’accueil d’hébergement d’urgence, voient dans les JO une occasion d’effectuer des travaux et d’ouvrir leurs portes à des touristes. Nul doute que dès l’hiver 2024-2025, ils verront d’un bon œil le retour des paiements de l’État pour remplir les chambres avec ces femmes et ces enfants sans domicile.

En soi, l’idée semble intéressante : proposer un hébergement décent, en Province, à des personnes qui vivent parfois dans des bidonvilles ou dans des camps.

L’inquiétude vient du volontariat réel ou forcé pour monter dans ces bus. Nous avons déjà l’expérience de la tentative de démantèlement de la jungle de Calais en 2017. Où à cette époque, les travailleurs sociaux provinciaux que nous sommes, avons vu arriver dans la nuit, des bus remplis de jeunes gens qui ne savaient pas où ils étaient après 12 heures de transport. Dès le lendemain matin, ils reprenaient le bus ou le train pour Calais qu’ils n’avaient jamais souhaité quitter volontairement.

Ce transfert n’a été nullement préparé en Province qui n’est pas plus en mesure d’accueillir décemment ces familles. Quid de la scolarisation des enfants ? Quid de l’hébergement dans les territoires destinataires ? Quid de l’accompagnement social ? Aucun de ces points n’a été travaillé avec les opérateurs locaux qui sont mis devant le fait accompli, et aucune communication au grand public ne s’est faite non plus.

Arnaud Perraut – Directeur d’établissement secteur lutte contre les exclusions (30)

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