Tous les 2 ans, l’ERP (Espace de Recherche et Prospective) dont nous sommes adhérents, propose au Sénat de travailler un thème, une question centrale qui anime son réseau. Ce travail fait l’objet d’une journée de présentation et d’échanges avec les parlementaires, journée qui aura lieu sur le dernier trimestre 2025.
L’ADC est associée à ces travaux, et plus particulièrement sur le thème de la transformation de l’offre dont nous sommes les animateurs en la personne de Betty DERACHE.
Nous vous proposons ici la lecture du premier abstract, synthétisant l’état de la réflexion menée collectivement sur le sujet.
ABSTRACT SUR LA TRANSFORMATION DE L’OFFRE
Participants : Betty DERACHE (ADC – secteur handicap) – Patrick JAMGOTCHIAN (directeur Etablissements de Provence – secteur personnes âgées et sanitaire) – Pierre Antoine LE PAGE (secteur protection de l’enfance)
Rappel du sujet général du colloque au Sénat : « L’avenir des associations dans le champ des solidarités et de la santé »
La transformation de l’offre médico-sociale repose sur des évolutions sociétales, des réformes législatives, des avancées scientifiques, des contraintes financières et une aspiration croissante à l’inclusion. Elle vise à placer la personne au cœur du dispositif, formule consacrée depuis 2002, dans une logique d’accompagnement personnalisé et d’intégration sociale.
Afin de répondre aux besoins des personnes accompagnées, l’Etat, les départements, les ARS ont recours à trois principaux types d’opérateurs : le secteur public, le secteur privé lucratif, et le secteur associatif (privé à but non lucratif). Nos « offres » peuvent paraitre similaires car nous avons la même « commande », le même but, souvent les mêmes méthodes de travail ou orientations attendues par nos financeurs (CPOM, diagnostic, digitalisation…). Mais finalement, en quoi sommes-nous différents ?
Nous pensons que le secteur associatif est le modèle le plus légitime sur cette question de mise en œuvre de la transformation de l’offre, et même incontournable par rapport aux deux autres. Et ceci n’est pas liée à une supériorité supposée ou avérée, mais intrinsèque à ce que sont les associations et d’où elles parlent.
En premier lieu, sans entrer dans les considérations inhérentes à l’accompagnement, nous avons en commun notre modèle économique. Nous avons des financements initiés sur les mêmes logiques de service, des budgets avec des outils identiques (CPOM, EPRD, données ANAP…). Néanmoins, les associations à but non lucratif n’ont d’autres enjeux que ceux de la relation. L’intégralité des sommes allouées est destinée à l’accompagnement des personnes, contrairement au secteur lucratif. Par ailleurs, la démarche des associations peut être qualifiée d’impartiale dans la mesure où l’accompagnement proposé (et sa transformation potentielle) est fondé sur des diagnostics de besoins qui se veulent objectifs et objectivables (sans être juge et partie, comme le secteur public parfois).
Deuxièmement, la transformation s’appuie sur des logiques de parcours de vie, avec une approche globale et coordonnée des besoins : santé, logement, éducation, travail. Cette dynamique implique des collaborations renforcées entre acteurs. Le secteur associatif offre un ancrage, un acteur à part entière dans le maillage territorial. Par sa présence souvent historique, il apporte une confiance partagée entre les acteurs et une souplesse d’intervention, une adaptabilité pour répondre aux besoins des personnes. Il est également souvent repéré par les publics ou les personnes qui les guident, apportant une stabilité dans le parcours, un repère nécessaire dans ce dédale de services proposés, de guichets, de coordinations multiples et variées.
Enfin et surtout, même si notre propos ne se veut pas limité et limitant, la transformation de l’offre devient un outil, le bras armé des associations pour mettre en œuvres leurs valeurs et principes. Avant d’être guidés par des normes et procédures, nous sommes guidées par une idée de cohésion sociale et de vivre ensemble, rappelant ici la logique inclusive de la transformation de l’offre. Nous sommes guidés par le fait de faire vivre les valeurs de la République (démocratie, laïcité…) avec pour ce faire un fort engagement, voire de militantisme de toutes les parties prenantes au sein des associations, de la personne accompagnée, en passant par les professionnels jusqu’aux administrateurs.
Des zones de fragilité existent dans la mise en œuvre de la transformation de l’offre : nécessite une ingénierie et des compétences fortes dont certaines associations sont dépourvues amenant leur disparition, transformation de l’offre guidée par les aspects financiers et non pas sur les diagnostics des besoins des publics accompagnés, perte de sens par sa complexité, une lourdeur administrative, perte de repères et de stabilité des organisations.
Mais, là encore, les associations ont toujours été sources d’innovation, de proposition pour la construction d’un futur et d’une société.
Betty DERACHE
Présidente de l’ADC