Aujourd’hui, environ 396 000 jeunes sont suivis fin 2023 par l’Aide Sociale à L’Enfance (cela comprend les mesures administratives et les mesures judiciaires). Parmi eux, 56 % sont placés hors du domicile et 44 % bénéficient d’une mesure d’AEMO. Le nombre de jeunes suivis a augmenté de 44 % entre 1998 et 2023, alors que la population des moins de 21 ans n’a augmenté que de 1,6 % durant la même période. Cela dit de la meilleure efficacité du repérage des situations de maltraitance ou de fragilité et du déploiement des mesures d’accompagnement social.
Meilleure détection, plus de prise en charge = davantage de jeunes protégés et résilients. Pour autant, si le constat peut être vu comme positif, toutefois, le secteur est en crise comme jamais il ne l’a été : fuite des diplômés, organisation du travail obsolète ; prévalence de l’internat (80 % des budgets départementaux finance des mesures d’accueil hors domicile).
Nous avons à faire face maintenant à des effets ciseaux qui se complètent dans cette crise du secteur social et médico-social :
- Crise des moyens et du financement avec des budgets sous tension de l’augmentation des besoins des populations dans les départements ;
- Une absence d’une stratégie nationale claire du fait de l’inéquation des besoins et des budgets alloués aux départements ;
- Une crise des métiers : attractivité en chute libre et fidélisation en panne et professionnels présents épuisés ;
- Une crise institutionnelle par l’empilement des normes, dispositifs et réformes ;
- Une crise des valeurs et du sens de l’action sociale ;
- Une crise d’adaptation aux mutations sociales et sociétales.
Je sais, vous n’avez rien appris car les constats sont les mêmes depuis si longtemps.
Mais le plus affligeant est l’absence de réponses nouvelles de l’Etat. Je ne parle pas ici des gouvernements et des couleurs politiques mais de la récurrence du manque de prise en compte de nos activités par les pouvoirs publiques. Je le redis : A QUAND DES ASSISES NATIONALES DE LA PROTECTION DE L’ENFANCE ?
Stéphane MONTBOBIER
Vice-Président en charge du Politique
